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Mickey Rourke bio-doc ‘Guapo Siempre’ heads to Cannes with Versatile

Documentary revolves around actor’s 2014 return to the boxing ring in Moscow.

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Paris-based sales company Versatile has acquired world sales rights to French photographer and director Richard Aujard’s bio-doc Guapo Siempre, a portrait of Mickey Rourke’s return to the boxing ring in Moscow in 2014.

The film, which is in post-production, follows actor and retired boxer Rourke as he prepares at the age of 62 to take on a fighter half his age in a special boxing exhibition in the Russian capital, after a 20-year absence from the ring.

A few days before the fight, Rourke’s beloved dog Guapo dies, plunging the boxer into a mystical state for his comeback fight.

Aujard, who is a long-time acquaintance of Rourke, captures the actor-boxer as he looks back over his life and career.

“The film will be ready for this summer,” said Versatile co-chief Pape Boye. “It’s very cinematic but one of the things that makes it particularly interesting is that Richard Aujard and Rourke are extremely close. They’ve known one another for 30 years and that creates a level of intimacy between the two. It has enabled Aujard to capture another unexpected side to Mickey Rourke. We see the fragility behind the tough guy.”

Aujard is best known at home and internationally for his photography work focusing on the world of sport and celebrity as well as world cultures, including Native American tribes and the Charro horsemen in Mexico.

Paris-based Bonne Pioche Cinéma, which also worked on March Of The Penguins, The Fox And The Child and Once Upon A Forest, is producing the documentary with Cantos Bros Productions, the Marseilles-based production company of footballer-turned-actor Eric Cantona and his brothers Jean-Marie and Joël.

Other titles on Versatile’s Cannes slate will include Australian director Chris Peckover’s suburbia-set home invasion horror-thriller Safe Neighborhood, for which it will show a first trailer.

 

4 MAY, 2016 | BY MELANIE GOODFELLOW

UNE HISTOIRE DE COLLÈGUES

Il y a exactement 17 ans, Les Collègues, film culte sur le football à Marseille, sortait en salle. Et aujourd’hui, s’il n’a pas encore atteint l’âge de la majorité, il n’en reste pas moins majeur. Au moins dans le Sud.

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Crédits : @Richard Aujard

 

 

Été 98, pendant que le monde entier vit au rythme de la Coupe du monde, et que Dennis Bergkamp accomplit l’un des plus grands chefs-d’œuvre du XXe siècle, Marseille, elle, vibre pour une autre compétition. Au milieu des Hollandais et des Argentins qui se pavanent sur le Vieux-Port, une camionnette bleue bruyante, remplie de joueurs pas comme les autres. Eux, c’est l’Espoir Club Boretti (ECB) et ils viennent de remporter la Mondialette. Au-dessus d’Aix-en-Provence, personne ne sait vraiment ce que c’est. Mais en dessous, elle a presque surpassé le Mondial français. La Mondialette, ce tournoi de foot marseillais imaginé dans Les Collègues, a permis à l’ECB de ne pas transformer son stade en piscine municipale. Futile dit comme ça, mais aujourd’hui elle fait partie du patrimoine. C’est un hommage aux petits clubs de quartier et aux équipes de «  bras cassés  » qui se battent pour que l’histoire continue de s’écrire. Parmi les Collègues, il n’y avait pas de joueurs de ballon. Ou presque pas. Et cette Mondialette, ils ne l’ont pas gagné avec le talent, mais plutôt avec le cœur, la bonhomie et la gouaille marseillaise, complètement indispensables. Une bande de potes saupoudrée de quelques têtes connues, une atmosphère Coupe du monde et une bonne dose de soleil, il n’en fallait pas plus pour réaliser le long métrage qui a marqué Marseille et le Sud de la France pour toujours.

Lhermitte, Lindon et source inépuisable d’insultes

Pourtant, Philippe Dajoux et sa troupe étaient loin de se douter d’un tel succès. Tout part d’une idée dans un coin de la tête du réalisateur : «  À la base, je tournais des petits sketchs sur Paris avec Pierre Lopez (Lulu), Bob Assolen (Michel), Cyril Lecomte (Albert), Sacha Bourdo (Igor) et Mickaël Aragonés (Le Corse). Et mon rêve, c’était de retourner chez moi, à Marseille, pour tourner mon premier long métrage avec mes potes.  » Une idée qui grandit au fil des jours, mais qui peine à prendre forme, faute de producteur sérieux. Jusqu’à cette rencontre avec Thierry Lhermitte, qui fait une apparition symbolique, et jusqu’à ce que sa boîte de production accepte de financer le film. Mais avant que la mayonnaise ne prenne vraiment, il manquait un petit plus.

 

Quoi ? De vrais ambassadeurs marseillais : «  Vincent Lindon voulait jouer le rôle de Francis Boretti. Mais j’avais déjà dit oui à Joël Cantona, il était très motivé. Dans la troupe, il y en a qui démarrait, et d’autres plus chevronnés. Atmen Kélif jouait déjà dans les Deschiens, Bosso faisait de la scène, tandis que Robert et Pierre, c’était leur premier film. Y avait un peu de tous les univers, et c’est ce que je voulais.  » Avant de tous les réunir, Philippe prend quand même le temps de s’imprégner des ambiances de stades de quartier : «  Je suis allé voir au moins vingt matchs, et j’ai écrit les dialogues en écoutant les gens parler dans les tribunes. Ils sont exceptionnels ! Il y a des dialogues qui allaient au-delà de ce que je pouvais imaginer. Les parents, les enfants qui jouent, ou au stade Vélodrome dans les virages, peuvent inventer des insultes qui sortent du commun.  » C’est bon, tous les ingrédients sont réunis. Les Collègues peut enfin voir le jour.

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Oaï, pastis et dentifrice

En plein mois de juin 98 à Marseille, le soleil cogne sévère sur les casques. Et Les Collègues ne demande pas mieux. Pour la durée du tournage, toute l’équipe est logée à la même enseigne, à l’hôtel Mercure du Vieux-Port. «  Eux, ils doivent encore se souvenir de nous, se rappelle Mickaël Aragonés. Tous les soirs, on mettait le oaï, on sortait boire un coup à droite, à gauche. Et puis on avait Bosso et Canto avec nous… Ça a été un joyeux bordel !  » Travail, sorties, fatigue, mais rigolade avant tout. Le tournage démarre et les conneries avec. Forcément, vivre ensemble, ça rapproche et ça casse des barrières. «  On rentrait très tard tous les soirs et on se retrouvait à 8h du matin sur le plateau, en plein cagnard, alors qu’il fallait courir avec trente-cinq degrés  » , rigole Bob, dit Michel. Un mélange des plus savoureux et qui inspire Philippe Dajoux : «  Je m’étais renseigné pour savoir si on pouvait jouer au foot bourrés. Et bien, j’ai appris que l’alcool n’était pas un produit dopant. Si ton entraîneur veut bien te faire jouer, tu as le droit d’arriver complètement bourré sur le terrain.  »

Ce qui lui fait imaginer un joueur complètement alcoolique. Igor, un gardien russe recruté 50 000 francs qui se découvre une passion pour le pastis et doit en avaler 26 pour jouer à son meilleur niveau : «  À l’époque, on tournait en pellicules super 16, et ça coûtait super cher. Du coup, fallait pas faire n’importe quoi, on répétait beaucoup avant de tourner. Et je ne sais plus qui décide de mettre du vrai pastis dans la bouteille où il devait y avoir de l’orgeat. Et donc Igor, moteur, ça part : il boit le premier, il dit rien. Le deuxième, il ose rien dire. Et au bout du troisième, le pastis lui sort par le nez et il est tombé par terre K.O.  » En fait, chaque joueur de l’équipe représente assez précisément le genre de mecs que personne ne souhaite voir dans son équipe. Le gardien alcoolo, donc. Mais aussi, le fan de Ravanelli, descendant d’une grande famille marseillaise, avec les pieds carrés. Cyril Lecomte alias Albert Girardi : «  Je m’étais teint les cheveux pour le film, c’était l’enfer. Le genre de trucs que je n’assumais pas du tout en dehors du tournage. Dedans non plus d’ailleurs. Sur le terrain, je faisais carrément précieuse, ça passait parfois mal.  » Ou encore, le gardien «  bidon  » un peu enrobé, fils de poissonnier et pas toujours très frais, raconté par son réalisateur : «  Languillé se mettait du dentifrice sur le bord des lèvres pour faire le dégueulasse. Et puis je disais bien aux acteurs avant chaque scène qu’il pue pour bien qu’ils l’intègrent.  » Et enfin, liste non exhaustive : Lulu, le sanguin. Michel, le gros gueulard à moitié sourd. Eros, l’attaquant qui ne veut pas mettre de tête au risque de se décoiffer. Maké, le grand et costaud défenseur black. Blanco, le philosophe. Doumé, le Corse…

Pagis, APG et Star Wars

En somme, une équipe de bras cassés qui ont, sans aucun doute, fait le succès des Collègues. Un mélange de personnalités dans lequel Marseille s’est retrouvée, et dans lequel chaque personne qui a fréquenté le milieu amateur a pu s’identifier. À tel point que la fièvre des Collègues s’invite même à l’Olympique de Marseille. «  Jean-Marie, le frère de Joël, est devenu agent de joueur, et il m’a dit que Pagis avait posé une affiche des Collègues dans les vestiaires de Sochaux, explique Cyril Lecomte. Non mais t’imagines le truc ?! La vraie, grande affiche dans le vestiaire de Sochaux !  » Tout comme André-Pierre Gignac qui, lors de son passage à l’OM, met un point d’honneur à faire découvrir le film aux nouveaux arrivants. Si, en province, le succès est au rendez-vous, du côté de la capitale, ce n’est pas tout à fait la même chose. Les journalistes ne saisissent pas bien le côté parodique, et le film est boudé dans les salles. Logique pour Philippe Dajoux : «  On aurait pu faire 1 million d’entrées facilement, mais niveau promotion, on n’a pas été futés. On a sorti le film à Paris avec des grandes affiches « Made in Marseille ». Si on avait fait l’inverse à Marseille, forcément, ça n’aurait pas marché.  »

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Malgré un flop à l’échelle nationale, Les Collègues a traversé les générations plus au sud. Pierre Lopez : «  J’ai compris qu’il y avait un truc trois ans après les Collègues quand je me suis retrouvé dans un jardin tout seul tranquille, et que là, il y a des jeunes qui arrivent en bagnole, ivres morts mais cools, et que les mecs ont refait tout le film. Ils ont sorti toutes les répliques du film.  » Chose dont les autres acteurs ont également pu se rendre compte lors du quinzième anniversaire du film, qui avait réuni toute l’équipe à l’été 2014. «  C’était de la folie, j’avais l’impression qu’on avait fait un Star Wars ! Les gamins nous touchaient comme si on était des stars, alors que la plupart n’étaient même pas nés à l’époque du film  », se souvient Cyril Lecomte. Depuis dix-sept ans maintenant et la sortie du film, les rumeurs quant à un deuxième opus vont bon train. Même si Philippe Dajoux a pensé à une suite, pour l’instant, rien n’est en marche. Mais ça n’empêche pas Philippe Dajoux et sa bande de rester une «  belle bande de collègues  »

PAR BENJAMIN ASSERAF ET UGO BOCCHI – MERCREDI 17 FÉVRIER

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Les insurgés du football syrien

Enquête de Foot Mercredi 14 Octobre 20h50 sur CANAL PLUS – SPORT
Canto Bros Productions et Canal plus présentent :
Un reportage de Marie KOSTRZ et Mathieu DARNON
« En Turquie, des joueurs professionnels syriens réfugiés ont décidé de créer l’équipe de Syrie libre. Le but : continuer à jouer au foot coûte que coûte, et lutter sur le terrain du sport contre le régime qu’ils ont fui. »

 

Teaser : Les insurgés du football syrien

from cantobros on Vimeo.

 

 

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Photos de l’Enregistrement « Enquête de Foot » @mariekostrz

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Jean-Marie CANTONA avec Marie KOSTRZ

 

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Sofilm Summer Camp Festival

- Interview : ERIC CANTONA -

« Il n’y a rien de pire que la vie »
Cela fait un moment maintenant qu’Éric Cantona, le col relevé le plus mythique de l’histoire du foot, fait l’acteur, avec le charisme et le sens de la répartie qui ont fait sa réputation. Il raconte ce qui le fait courir de plateau en plateau, jusqu’au très libreRencontres d’après minuit de Yann Gonzalez, et parle Depardieu, Ferguson, Loach et Kechiche. – Par Raphaël Clairefond, à Johannesbourg. Photos : Richard Aujard
Pourquoi être devenu comédien ? C’est un truc de gamin. Quand tu joues aux cow-boys et aux indiens, tu joues déjà un rôle. Être comédien, c’est retrouver quelque chose de primitif, la spontanéité et l’insouciance de l’enfant – ce que fait naturellement l’enfant, l’adulte se bat pour le retrouver –, et c’est ce que j’essaie de faire. Après, moi, je suis d’un autre temps. Les acteurs que j’aime, ce sont les acteurs charismatiques : Brando, Pacino, De Niro, Depardieu, Dewaere…
Aujourd’hui, les acteurs ont moins la « gueule », et pas que les acteurs d’ailleurs : l’homme de la rue dans les années 50 était plus viril aussi. Qu’est-ce qu’il est devenu l’homme ? Qu’est-ce qu’il représente ? Ça ne veut pas dire qu’il faut revenir cinquante ans en arrière, quand la femme restait à la maison et n’avait pas le droit de vote, bien sûr que non. Moi, je fais la cuisine, je peux m’occuper des enfants… Tout en restant un mec. J’admire quelqu’un comme Depardieu. Il peut jouer Obélix, Les Valseuses, Christophe Colomb, Cyrano… Il peut tout jouer. C’est rare. Maintenant, on ne parle que de son exil fiscal. Le mec fait ce qu’il veut, non ? Je hais ces gens qui essaient de faire culpabiliser les autres. Chacun est libre de faire ce qu’il veut. Et j’admire ceux qui prennent cette liberté-là. Par contre, tous les conservateurs, les donneurs de leçon, j’ai beaucoup de mal avec eux. Des comportements exemplaires, il n’y en a pas.
Quand Depardieu se montre avec Poutine et Kadyrov… Qui est-on pour donner des leçons ? La France est en position de donner des leçons à qui que ce soit ? Faire sauter le Rainbow Warrior ce n’est pas un problème ? Alors toi, État français, tu vas me faire la leçon ? Toi, État français, qui a colonisé je ne sais pas combien de pays, et qui a mis des dictatures en place pour exploiter les minerais et les richesses, toi tu vas me donner des leçons de droits de l’homme ? Ou alors on met tout sur une table et on voit comment ça se passe. Démocratie à l’intérieur, dictature à l’extérieur. France, États-Unis, Israël… Des pays démocratiques, chez eux, mais il faut voir ce qu’ils font ailleurs. En ce moment, il y a le procès de l’opération Condor en Amérique du Sud où dans les années 70 toutes les dictatures ont été mises en place. Voilà ce que c’est la politique. Alors bon, si tu veux qu’on parle de Depardieu…
Ça t’amuserait de jouer un politicien un jour ? Bien sûr. Un bien pourri ou un vraiment bon. Enfin… « bon politicien », c’est toujours pareil, un homme politique idéal, il n’y en a pas. La politique m’intéresse mais je n’en fais pas.
Il y a un autre footballeur qui fait carrière au cinéma, c’est Vinnie Jones, tu le connais bien ? Oui, il a joué à Leeds. J’adore, c’est une vraie personnalité, rigolo, leader… Il a la voix d’un mec qui a vécu. Après, sur le terrain, il oubliait souvent que tu avais passé plusieurs soirées avec lui. Le match qu’on a joué à Wimbledon en coupe, dans les cinq premières minutes, si je ne le vois pas venir de loin, il me coupe en deux. Cinq minutes après je marquais un de mes plus beaux buts avec Manchester… Ce but découlait sans doute de ce mauvais tacle.
« Toi, État français, tu vas me faire la leçon ? Démocratie à l’intérieur, dictature à l’extérieur. »
Si tu devais faire un film sur Ferguson (coach mythique de Manchester United, ndlr), qu’est-ce que tu mettrais en avant ? Pour raconter son histoire, il faudrait repartir du début : working class people. Il a réussi le plus difficile, trouver l’équilibre entre l’amour et le respect. C’était quelqu’un qu’on aimait comme un ami, qui n’avait pas besoin de gueuler parce qu’il avait une autorité naturelle. Quand tu y penses, c’est incroyable, toutes ces générations qu’il a connues, tant de victoires et si peu de conflits… Expliquer à un mec avec qui tu as vécu plein de trucs depuis dix ans qu’il jouera un petit peu moins, ou qu’il doit partir, c’est très difficile. Mais il savait le faire. Et pourtant, on ne peut pas dire qu’il prenait des moutons. 99% des entraîneurs préfèrent choisir des mecs faciles à gérer. Lui, il s’en foutait, c’étaient d’abord les qualités du footballeur qui comptaient.
Tu as vu le biopic sur George Best ? Non. Mais ils ont bien fait des films sur Claude François, ils peuvent en faire un sur George Best, je préfère regarder Best ! (rires) Moi, un mec qui dit : « Quand je suis arrivé aux États-Unis, on m’a donné une maison à 200 mètres de la plage, le problème c’est qu’entre la maison et la plage il y avait un pub, j’ai jamais vu la mer », j’aurais envie d’en faire un biopic. Un play-boy, en plus, grand joueur, élégant, bon vivant… Le foot anglais était super cinégénique à l’époque. Je me rappelle, j’avais 10 ans, je voyais ces types qui ne ressemblaient à rien gagner la coupe d’Europe, il leur manquait des dents aux mecs ! Joe Jordan, Billy Bremner… Ils avaient tous des tronches. Ou des entraîneurs comme Brian Clough. C’est un pays que j’adore pour tout ça et qui représente parfaitement le combat interne qu’on a tous : entre les conservateurs, très conservateurs et des gens qui s’opposent tellement à ça qu’ils partent à l’extrême et deviennent punk. L’Angleterre, c’est ça.
Ça t’a surpris les émeutes et les pillages qu’il y a eu à Londres, en 2011 ? Soit on se bat pour une cause, soit on va piller des magasins. Si c’est piller une banque, alors je peux comprendre. Parce qu’ils ont leur part de responsabilité dans l’histoire. Piller un magasin… Si ça se trouve, le mec est dans les mêmes difficultés que toi. C’est comme brûler la voiture de tes voisins. En Grèce, la crise a fait 3 500 morts, il y a des banques qui ont été attaquées. Je me suis renseigné d’ailleurs, une banque n’a pas le droit de t’empêcher de retirer ton argent. C’est illégal. Quand tu veux retirer ton argent, tu es toujours limité à une certaine somme, et bien ce n’est pas normal. Et si, par le plus grand des hasards, la France entière voulait retirer tout son argent des banques ?
Ken Loach a été une rencontre importante pour toi ? Oui, il y a des gens qui font des films de gauche, mais qui n’ont pas les mêmes convictions que Ken Loach. Sur un plateau avec lui, toute l’équipe est logée à la même enseigne. Que tu sois figurant, rôle principal, réalisateur, producteur… Tout le monde est dans une même pièce pour manger. Loach, si tu lui réserves un avion Paris-Londres en première classe, il n’accepte pas. C’est un mec qui a un discours et qui se l’applique à lui-même. En tant qu’homme, ça a été une des plus belles rencontres de ma vie. Aujourd’hui, t’as des mecs de 20 ans, on dirait qu’ils sont blasés, qu’ils savent tout. Loach ou Ferguson continuent à s’émerveiller de tout. Je suis un peu comme ça aussi. Bah ouais, je m’émerveille d’une fleur, c’est joli une fleur qui a poussé. C’est joli une belle lumière, un arc-en-ciel…
Tu as des nouvelles de l’acteur qui jouait avec toi dans Looking For Eric ? Non, je l’ai eu au téléphone à un moment et puis… J’ai plus de téléphone de toute façon maintenant. Je défends la liberté et le téléphone n’est qu’une illusion de liberté.
« Loach, si tu lui réserves un avion Paris-Londres en première classe,
il n’accepte pas. »
Qu’est-ce qui t’intéresse en général dans ce cinéma anglais qui n’est pas réputé pour être le meilleur du monde ? J’aime le cinéma anglais qui parle du quotidien, quand nous sommes presque dans le documentaire, My Beautiful Laundrette, par exemple. Je trouve que les Anglais savent faire ça, on y croit. Même Billy Elliot. Même The Full Monty, tu y crois, tu y es, t’es avec les personnages. Tu crois qu’ils sont vraiment pauvres, qu’ils vivent dans le quartier, qu’ils sont en train de monter leurs trucs. Nous, en France, on fait Les Seigneurs… Les films de Loach, tout est au premier degré, et le premier degré donne de l’humanité. Les comédies de Ken Loach, tu sais que ça va faire rire, mais tu ne le joues pas « pour » faire rire. Nous, on est un peu lourdauds, d’ailleurs on ne parle pas « d’humour français », alors qu’il y a l’humour anglais, l’humour juif… Les Anglais prennent des risques. Quand il y a un courant musical qui sort, tu vois la tenue des mecs, t’as envie de rigoler, et puis après le monde entier s’habille comme eux. Aujourd’hui, les plus grands artistes contemporains sont anglais : Damien Hirst, Anish Kapoor… Là-bas, même si tu te trompes, les mecs te disent « good try », tu as essayé, ça veut dire « continue jusqu’à ce que tu trouves ». Nous, « good try », c’est ironique… J’adore l’Angleterre.
C’est quoi la méthode Loach avec les acteurs ? Les mecs savent qu’il peut se passer n’importe quoi, à n’importe quel moment. Quoi qu’il se passe, ils doivent continuer à jouer. D’ailleurs, Paul Laverty, lorsqu’il va caster les gens, il voit déjà comment ils réagissent. Lui ne dit pas « acting », il dit « reacting ». Dans Looking For Eric, par exemple, au moment de la scène de la descente de flics dans la cuisine, la femme est plaquée au sol, etc. L’actrice n’était pas au courant. Elle aurait pu dire comme les actrices de Kechiche « ce n’est pas normal qu’on ait pas été avertis, il y a quand même des flics qui m’ont plaquée au sol, je suis traumatisée, ça fait trois jours que je ne dors pas ». Mais Loach veut des moments de vérité qu’il pense ne pouvoir obtenir que comme ça. Il ne veut pas que les acteurs soient prévenus, on joue au jour le jour. Moi, j’adore ça… Au cinéma, il peut y avoir des moments difficiles, mais bon… il n’y a rien de pire que la vie.
« De quoi elles se plaignent les actrices de Kechiche ?
Elles devraient le remercier d’avoir fait un film comme ça. »
Puisqu’on parle de Kechiche, tu penses qu’il y a une limite à ne pas dépasser dans ce qu’on peut faire endurer à un acteur ? Tout le monde se fout, et se foutra avec le temps, de comment s’est passé le tournage de Kechiche. Le plus important, c’est le résultat. Je préfère être dans un film magnifique où ça s’est super mal passé, plutôt que l’inverse. Si ça se passe bien, tant mieux, mais si ça se passe mal, c’est pas grave. C’est sa façon de travailler. Les gens le savent, comme on savait qu’avec Pialat ou Almodóvar, ça pouvait se passer de façon particulière. Donc elles se plaignent de quoi ? Elles devraient le remercier d’avoir fait un film comme ça. Régler des comptes via la presse, c’est pour les faibles. J’espère que ces petites, ces enfants, lui ont au moins parlé avant, entre quatre yeux, ce qui les excuserait à moitié.
Qu’est-ce que tu trouves particulièrement dur dans le travail d’acteur ? Rien, c’est toujours un plaisir. Après, ce qui est dur c’est qu’on est très investi et puis, finalement, on ne contrôle rien. Je crois que c’est dans Heat où le personnaged’Al Pacino devait être un cocaïnomane mais ça n’a pas été gardé dans le montage final. Sauf que lui, Al Pacino, en a tenu compte pour jouer son personnage. C’est frustrant. Il faut accepter ça. Après, il y a des acteurs qui n’aiment pas lire les scénarios, qui arrivent comme ça sur le tournage et puis ils apprennent sur le tas. C’est leur façon de travailler. Moi, c’est pas ça. Il faut que je sois en confiance pour prendre du plaisir. Et pour être en confiance, j’ai besoin de beaucoup travailler. Quand je jouais au foot, c’était la même chose. Si j’étais blessé pendant une semaine et que j’allais jouer le match en ayant joué seulement un entraînement la veille, dans ma tête, inconsciemment, je me disais que je n’allais pas être prêt. Travailler, répéter, c’est presque ce que je préfère.
Tu te verrais faire des blockbusters ? Je n’ai pas de plan de carrière. Faire un film de Yann Gonzalez ou de HPG, pour moi c’est un gros film. Mes choix ne sont pas plus artistiques ou meilleurs que les autres, je n’ai pas une filmographie exemplaire. Je me suis trompé plein de fois mais je fais simplement ce que j’ai vraiment envie de faire. Faire des films pour l’argent, c’est toujours une mauvaise raison. Ce n’est pas non plus parce que ton film a été vu par dix millions de personnes que tu es reconnu. Tout dépend par qui tu veux être reconnu. Moi, je ne suis pas un intello, je n’ai pas un rapport intellectuel au monde. Ce qui m’intéresse, c’est le rapport charnel…
Il y a un acteur avec qui tu as travaillé et qui t’a vraiment inspiré ? Jacques Villeret. On sortait, on rentrait, il avait peut-être dormi une heure, il était tout fatigué, à la limite, on se demandait comment il allait faire pour vivre normalement. Clac, il mettait son costume : il était transformé. C’était un génie. Il enfilait son truc, c’était fini, c’était le personnage.
Ton pire souvenir de tournage ? Je ne sais pas… C’est peut-être parce que j’ai l’expérience du sport de haut niveau, mais je ne perds pas les pédales facilement. Le monde du cinéma est capricieux, ce sont des gens qu’on a habitués à croire que tous les problèmes pouvaient trouver une solution. Si je te demande une soucoupe volante, tu m’apportes une soucoupe volante. Si je te demande une graaaaande loge de 300 m2, tu me trouves une grande loge de 300 m2. Ils ont de mauvaises habitudes. Moi, tu me fais dormir sous une tente, je dors sous une tente… À partir du moment où tout le monde dort sous une tente. J’ai aucun problème avec ça : « On a prévu de tourner, mais il pleut, il fait froid… » Bah tu mets une couverture et des gants. Franchement, tout est un jeu. Et moi, dans ce cirque-là, j’ai choisi d’être le clown. Je suis trapéziste aussi, sans filet… Jongleur… Dresseur… – Propos recueillis par RC

Eric Cantona de retour à l’Institut Lumière pour son nouveau documentaire

Eric Cantona de retour à l’Institut Lumière pour son nouveau documentaire

Foot et Immigration, 100 ans d’histoire commune de Eric Cantona (2014, 1h27)

en sa présence

 

CantonaPhoto JL Mège

 

« À l’origine sur un terrain de football, il fallait dribbler tout le monde pour aller marquer. C’était le football des aristocrates, la passe était déshonorante. Et puis les clubs ouvriers ont commencé à développer un jeu de passes. Et, solidaires et généreux sur le terrain comme à l’usine, en jouant collectivement, ils ont créé leur  ootball. Depuis un siècle, les joueurs français issus de l’immigration qui ont marqué l’histoire ont perpétué cette tradition. » Éric Cantona